Très joli plateau pour ce Roberto Devereux de Gaétano Donizetti donné à Marseille mardi 22 novembre en version concert.A la question posée à Maurice Xiberras,directeur artistique de l’opéra de Marseille,pourquoi ce choix? Il répond qu’il est beaucoup plus facile d’avoir de très bons chanteurs,le temps des répétitions étant plus court.Il est vrai que nous étions particulièrement gâtés ce soir. Roberto Devereux créé au San Carlo de Naples en 1837 avait été joué pour la première fois à Marseille en 998.
Cette version sans mise en scène peut surprendre.Certains spectateurs vont peut être craindre de s’ennuyer,mais il n’en est rien.On a finalement pu écouter pleinement et sereinement la musique et les chanteurs. Les metteurs en scène ont souvent l’habitude ces derniers temps de nous infliger des spectacles épouvantables et s’en passer est peut être une solution.
Le chef d’orchestre Alain Guingal préfère toutefois avoir l’orchestre dans la fosse pour les opéras, il y est certainement plus à l’aise.Il a pris le parti de diriger l’ouvrage d’une manière plus que souple,ses balancements sont parfois étranges avec cette musique.Très attentif aux chanteurs,sa direction pourrait être parfois un peu plus incisive avec plus de mordant mais l’orchestre sonne bien sans couvrir les voix. Nous sommes ici vers la fin du règne d’Elizabeth première d’Angleterre. Son favori le comte d’Essex (Roberto Devereux) accusé de trahison est condamné à mort. La reine blessée et déçue le laissera exécuter. C’est d’ailleurs sur les notes d’un God save the queen,que débute l’opéra. Dans le rôle d’Elizabeth, Mariella Devia enthousiasme le public par sa technique époustouflante,sa voix passe avec souplesse sur les notes pour arriver avec facilité jusqu’aux plus aigües. Ses graves manquent-ils un peu de chaleur? Rien n’est laissé au hasard tout est parfait, trop peut être le frisson n’est pas au rendez-vous.Il y a dans cet ouvrage de très jolis passages en duo et c’est sans doute avec ceux chantés par la soprano et le ténor que nous avons le plus d’émotion. Roberto Devereux est interprété par Stefano Secco, ils chantent tous les deux pour la première fois à Marseille.Leurs voix et leur style s’accordent admirablement.Il a lui aussi une très belle technique et des aigus faciles et généreux.Il y a de véritables grands moments,la tension est palpable. La voix de Béatrice Uria Monzon puissante au vibrato plus large manque de légèreté dans cet ouvrage et s’accorde mieux avec celle du baryton.Elle interprète une duchesse de Nottingham très présente et tourmentée. C’est le baryton Fabio Maria Capitanucci qui est le duc de Nottingham il a une voix chaude,ample qui donne toute la mesure de ses sentiments qui évoluent.C’est le véritable baryton des opéras italiens. Le ténor Julien Dran (Lord Cecil) te le baryton Jean-Marie Delpas (Raleigh) bien que dans des rôles secondaires sont tout à fait à la hauteur des autres chanteurs. Les interventions du choeur font partie des beaux moments de cet opéra.Sonorités puissantes et homogènes.Cet opéra qui n’a pas vraiment de grands airs est intense et l’on est pris par cette tension qui monte crescendo jusqu’à finir sur un terrible et superbe contre ré (écrit ?) tenu par Mariella Devia. C’était une très belle soirée et le public sans regret pour la mise en scène a ovationné les chanteurs. Photo Christian Dresse – Opéra de Marseille